Nous savons tous qu’un enseignant peut faire une grande différence dans la vie d’un jeune. Il arrive même parfois que la vie d’un élève prenne un tournant positif grâce à cet enseignant unique, un tournant dont les effets se feront sentir pour très longtemps.
Dans le cours de menuiserie et de charpente de la Polyvalente Roland-Pépin de Campbellton, des jeunes ont eu la chance de tomber sur ce genre d’enseignant qui, avec une idée simple, les a menés plus loin qu’eux-mêmes auraient pu l’imaginer. Si ce cours s’adresse à des jeunes qui se sentent généralement plus à l’aise dans un atelier où le travail manuel est valorisé que dans une salle de classe académique, les élèves du cours de M. Maxime Levesque ont compris que l’esprit entrepreneurial peut les mener loin.
M. Levesque et quelques élèves de sa classe se sont rendu à Moncton récemment pour le Défi entrepreneurship jeunesse, organisé par Entreprise Grand-Moncton. Ils ont récolté rien de moins que la deuxième place dans la catégorie entreprise sociale.
« C’est un gros concours. C’était la première fois que ces jeunes vivaient un évènement de ce genre-là. Je leur ai dit : C’est pas parce que vous êtes des gars “manuels” que vous ne pourrez pas réussir en affaires. Avec le prix, on a obtenu des fonds qu’on va pouvoir réinvestir dans les ateliers, pour la réparation des outils, par exemple », explique l’enseignant qui en est à sa première année dans le domaine.
Il n’est pas nécessaire d’être un vétéran de l’enseignement pour trouver des façons innovatrices de motiver les jeunes envers l’apprentissage. M. Levesque en est la preuve. Dès sa première année comme enseignant, il s’est demandé comment faire les choses autrement.
« En gros, l’idée est de rendre un service à la communauté tout en ayant du bois et des matériaux pour nos ateliers à faible coût. C’est difficile de faire des projets intéressants, parce que le prix du bois est tellement élevé. Au début de l’année, on a eu comme idée de faire des cabanes à oiseaux pour s’initier aux outils. Les jeunes ont proposé de les installer au Parc Sugarloaf, parce qu’ils fréquentent beaucoup l’endroit » explique-t-il.
M. Levesque a alors communiqué avec le directeur du parc provincial. Ce dernier a aimé les cabanes à oiseaux des élèves et a mentionné qu’il avait besoin de faire construire de nouveaux bancs pour les usagers du parc.
« Je lui ai dit que l’on pouvait faire ça et qu’on avait les outils”, raconte Maxime Lévesque. Ils ont accepté de payer le matériel et nous, dans l’atelier, on va construire les choses dont ils ont besoin dans le parc. »
Durant toute l’année, les élèves de la classe de menuiserie et de charpente ont construit les produits dont le Parc Sugarloaf avait besoin. Selon leur enseignant, cette approche enseigne aux jeunes les notions de l’entreprise sociale, car ils répondent à un besoin bien réel de la communauté et apprennent à utiliser efficacement des ressources matérielles pour minimiser les pertes et le gaspillage. Comme si de rien n’était, des notions de mathématiques sont aussi intégrées à cet apprentissage.
Un des apprentissages les plus significatifs, qui est par contre un peu plus intangible et tout aussi important : la confiance en soi.
« Ce sont des jeunes qui ont un parcours scolaire unique. Ils ne sont peut-être pas très à l’aise avec les matières académiques. Côté estime de soi, c’est immense ! », indique l’enseignant qui constate que les jeunes sont motivés plus que jamais et ont hâte de revenir à l’école en raison de ce projet.
Et l’enseignant n’a pas l’intention de s’arrêter là. « C’est un partenariat qui va durer plusieurs années, se réjouit-il. Des spécialistes de vélos de montagne vont venir évaluer le parc et nous envoyer des plans pour que les élèves construisent l’an prochain un parcours à obstacles. On va intégrer des projets dans le cours de soudure pour faire les rails, qui pourront être utilisés l’hiver aussi par les amateurs de planches à neige. Les jeunes ont hâte ! »
Selon l’enseignant, le plus grand défi pour réussir un projet de la sorte est à l’étape du démarrage. Trouver les fonds, faire les contacts, mettre sur pied le programme d’apprentissage, tout cela demande énormément de temps. Il a reçu l’aide de l’agente communautaire de l’école, Louise Décary, et du programme Place aux compétences pour y arriver.
Cette année, le projet mettait l’accent sur l’organisation du travail en atelier. L’an prochain, Maxime Levesque a l’intention de pousser davantage l’apprentissage de la gestion d’une entreprise. Il souhaite que les jeunes se responsabilisent encore plus par rapport à ce projet et qu’ils en prennent le contrôle. Il indique que des jeunes souhaitent déjà se lancer en affaires une fois leur formation complétée.
Nathalie Landry est une consultante en communications pour le changement social. Son entreprise, Écho Actions, donne un coup de main aux organismes à but non lucratif ainsi qu’aux petites et moyennes entreprises au niveau des relations publiques, des médias et du marketing. @EchoActions
Sources :
Polyvalente Roland-Pépin de Campbellton : http://rolandpepin.wordpress.com/
Place aux compétences : http://www.pacnb.org